En cas d’incident industriel à caractère NRBC (Seveso, attaque chimique, explosion nucléaire…), les vents dominants jouent un rôle prépondérant dans la dispersion des agents contaminants et conditionnent les stratégies d’intervention des primo-intervenants et votre stratégie de fuite.
La bonne compréhension des modèles météorologiques liés aux vents est donc essentielle pour évaluer la façon dont les substances dangereuses pourraient se propager dans l’environnement. Selon la direction et la force des vents, vous pourriez ainsi être au plus proche du lieu de l’incident et être moins impacté que des régions ou pays situés à plusieurs centaines de kilomètres. On se souviendra que le nuage de Tchnernobyl chargé de radio-nucléïdes (dont Cesium 137) ne s’est pas arrêté aux postes de douane en 1986. Une simulation de 2016 réalisée par l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) démontre clairement le phénomène de dispersion du panache radioactif entre 0 et 10 mètres du sol du 26 avril au 9 mai 1986.
Même s’il reste encore beaucoup de choses à dire sur l’incident de Tchernobyl et ses conséquences sur la santé publique et l’environnement, il semble désormais établi pour de nombreux journalistes que l’État a tenté de dissimuler des informations aux Français.
L’étude des couloirs de vents permet donc d’anticiper la dispersion d’un contaminant nucléaire, radiologique, biologique ou chimique dans l’atmosphère et de calculer en conséquence le temps nécessaire à ce qu’une émanation toxique arrive sur votre secteur.
On estime qu’avec un vent relativement modéré, il ne faudrait que quelques minutes à nuage toxique pour parcourir plusieurs kilomètres (3 minutes pour 500m, 8 minutes pour 1500m… ). Ces délais théoriques relativement courts ne laissent pas la place à la réflexion ou à l’improvisation en cas de crise.
Ainsi, selon les paramètres des vents, vous pourriez déterminer les zones potentiellement affectées et décider ou non si vous devez regagner votre pièce de confinement ou votre bunker tous deux équipés d’une filtration NRBC.
L’utilisation de modèles météorologiques avancés tels que Météo France ou ceux des organismes d’intérêt général régionaux comme ATMO seront alors des outils indispensables pour prédire les mouvements atmosphériques et conditionner votre stratégie de regroupement, d’évacuation et de confinement lors d’une éventuelle crise majeure.
Il est donc important pour un citoyen prévoyant de connaître les outils mis à sa disposition pour être alerté et déployer les contre-mesures qu’il aura prévu au préalable : masque à gaz, pièce de confinement, bunker NRBC…
Quels sont les différents types d’alerte mis à la disposition des citoyens ?
Les dispositifs récents spécialisés
FR-Alert est le nouveau dispositif d’alerte et d’information des populations déployé par le gouvernement fin juin 2022. Ce service permet de prévenir en temps réel toute personne détentrice d’un téléphone portable de sa présence dans une zone de danger et de l’informer des comportements à adopter pour se protéger. Si vous vous trouvez dans l’une des zones concernées par un danger imminent, vous pourrez recevoir une notification accompagnée d’un signal sonore spécifique, même si votre téléphone portable est en mode silencieux.
Signal d’alerte sonore
De manière plus classique et immédiatement reconnaissable, la diffusion de l’alerte repose également sur les sirènes du réseau national. Si vous entendez de jour comme de nuit un son modulé (montant et descendant) composé de 3 séquences d’1min41 séparées par un silence de 5 secondes, c’est qu’il y a un danger immédiat et que vous devez prendre les mesures de sauvegarde appropriées. Ce signal est diffusé par le réseau de 4500 sirènes du RNA (Réseau National d’Alerte), hérité de la Seconde Guerre mondiale et conçu initialement pour alerter les populations d’une menace aérienne.
Diffusion d’un message d’alerte par véhicule
Le signal d’alerte ou la diffusion d’information pourra également se faire par le biais de haut-parleurs montés sur les véhicules officiels (pompiers, forces de l’ordre, militaires…). Une fois l’alerte déclenchée, les informations complémentaires seront à rechercher prioritairement à la radio.
Comment de confiner en cas d’événement à caractère NRBC ?
Dans l’hypothèse où vous devriez vous confiner chez vous ou au travail, il est utile de disposer d’un kit minimal et immédiatement opérationnel à portée de main : paire de ciseaux, cutter, rouleaux de ruban adhésif solides et imperméables de type Duct tape. Dans l’idéal, prévoyez une agrafeuse à bois et plusieurs films de protection plastique de type Polyane®. Ils vous serviront à isoler et calfeutrer toutes les ouvertures (porte, fenêtre, ventilations, climatisation…). Si vous devez improviser, humidifiez des tissus (linges, chiffons, rideaux…) et disposez les de façon à boucher un maximum d’orifices. Une lampe torche et une radio de secours seront toujours les bienvenus en cas de coupure d’électrique ou de saturation des réseaux numériques.
La gestion des situations de crise NRBC nécessite ainsi une compréhension approfondie des modèles de vents. En situation opérationnelle de terrain, une attention particulière sera nécessairement apportée par les divers services de secours, sur la direction et à la vitesse du vent. Les autorités devront s’appuyer sur des organismes experts et des modèles météorologiques avancés pour prédire les mouvements atmosphériques afin d’ajuster les plans d’intervention en temps réel.
La dispersion rapide des polluants par l’action du vent souligne enfin l’importance cruciale d’une alerte rapide et d’une préparation, une culture du risque de la part de la population, face à ce type d’événements imprévus.
