Inodore, incolore, impalpable… en un mot invisible à nos sens, tout ce qui a attrait à la radioactivité fascine et suscite toutes les craintes, souvent par méconnaissance. Pourtant les sources radioactives — qu’elles soient scellées ou non-scellées — s’avèrent utiles et trouvent de nombreuses applications dans l’industrie.
En effet, le monde de l’industrie produit de nombreux objets dotés de sources radioactives comme les paratonnerres , les détecteurs de fumée et les utilise également à des fins de contrôle non-destructifs pour caractériser des matériaux sans porter atteinte à leur intégrité. Par exemple l’Irridium 192 et le Cobalt 60 sont utilisés pour vérifier la qualité des soudures en utilisant le principe de la gammagraphie.
Le Krypton 85, le Césium 137, l’Américium 241, le Cobalt 60 et le Prométhéum 147 sont employés au moyen de jauges pour la mesure de niveau ou d’épaisseur de matériaux, comme le papier, le tissu, le plastique ou encore le métal de faible épaisseur. D’autres sources radioactives sont utilisées dans le dosage ou la détection d’explosifs, de pesticides ou de drogues.
C’est surtout en médecine que l’on connait l’emploi des sources radioactives comme traceur ou dans les appareils d’irradiation. En revanche leur emploi dans l’industrie agroalimentaire pour ses effets biologiques sur la matière vivante l’est beaucoup moins. Ainsi, ces sources radioactives s’utilisent dans le domaine alimentaire à des fins de :
- Stérilisation
- Conservation par destruction des micro-organismes et parasites
- Inhibition de la germination (pommes de terre…)
- Déparasitage de céréales et de fruits
- Ralentissement des processus physiologiques de décomposition par irradiation à faible dose
- Prolongation du temps de conservation par irradiation à dose moyenne des aliments
- Stérilisation par irradiation à forte dose des viandes, des épices et des aliments préparés
Voilà comment vos steaks sous emballage voient leur durée de conservation prolongée par irradiation gamma ou rayons X
Mais les aliments irradiés sont-il dangereux pour la santé ?
La stérilisation des aliments par exposition aux rayons gammas ou rayon X continue de soulever la controverse depuis des décennies partout dans le monde. L’idée d’utiliser un rayonnement ionisant, c’est à dire suffisamment puissant pour arracher les électrons de leur orbite et par extension détruire les micro-organismes en brisant leur chaine ADN a germé quelques années après la découverte des rayons X par Henri Becquerel, en 1896. Ce n’est que peu de temps après, en 1906, que le 1er brevet sur l’irradiation des céréales a été déposé.
Cette technique est autorisée depuis longtemps, notamment our inhiber la germination des aliments de base comme le blé, les pommes de terre, les oignons… Une 40aine de pays l’autorise pour allonger la durée de conservation de la viande de bœuf, de porc, de volailles, des crevettes, des fruits et légumes secs ou frais et même le camembert au lait cru !
Malgré l’emploi de cette technique éprouvée, les consommateurs craignent encore que les aliments irradiés ne soient toxiques ou que leurs qualités (leur contenu en vitamines, par exemple) ne soient altérées par l’irradiation. Mais irradié ne veut pas dire radioactif ! Lors de l’irradiation, le rayonnement ionisant traverse la matière, mais ne s’y loge pas. De plus, les doses nécessaires à tuer les micro-organismes pathogènes sont très inférieures à celles qui pourraient nous affecter.
Comme toutes les techniques de conservation, l’irradiation des aliments peut toutefois générer des molécules dites “radiolytes” qui sont produites par le passage de l’énergie à travers l’aliment. Sachez toutefois que la cuisson au feu de bois génère bien plus de molécules potentiellement nocives que l’irradiation !