Menaces modernes, survivalisme et bon sens paysan

Menaces modernes, survivalisme et bon sens paysan

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Considéré comme une préoccupation marginale, puis extrême voire dangereuse il n’y a pas si longtemps encore, le survivalisme (ou l’art de se préparer aux catastrophes diverses et variées) et toutes ses ramifications (homesteading, prepping, global collapsing, néo-ruralisme, autonomisme, bushcrafting…) sont désormais pris au sérieux. Plusieurs gouvernements (Suède, Finlande, Allemagne…) ont d’ailleurs incité leurs citoyens à adopter des stratégies de résilience (principalement en terme de stockage) face aux menaces modernes. Mais surtout ne confondez pas “survie” et “survivalisme”, vous seriez dans l’erreur. Quand le premier vous met potentiellement dans une situation dangereuse, le second vous apprend à l’éviter.

Avec l’expérience Covid-19, la crainte d’attentat à la bombe sale, la désindustrialisation de notre pays où l’on ne fabrique même plus les médicaments de base, l’éventualité d’un conflit majeur en Europe, la montée des mouvements contestataires, la multiplication des cyber-attaques sur des infrastructures critiques, la fragilisation de nos économies interconnectées… il semble que les autorités publiques récupèrent des idées survivalistes autrefois ridiculisées.

Petit voyage dans le passé pour comprendre les origines du survivalisme et son essor…

Les médias Français semblent avoir découvert le survivalisme dans les années 2010. Pourtant il existe sous sa forme moderne depuis la fin de la Guerre du Vietnam, lorsque des dizaines de milliers de soldats rentrèrent aux États-Unis. Marqués par l’expérience du combat et souffrant de graves troubles mentaux liés au stress post-traumatique, rejetés par leur propre nation qui est incapable de les “recycler” (porté au cinéma par l’histoire de John Rambo), certains décrochent de la société et se retirent dans les régions isolées du pays pour y vivre en quasi autarcie.

C’est isolés du reste de la population américaine et guidés par l’éventualité d’une guerre sur leur sol qu’ils poseront les fondations du survivalisme moderne, avec ses techniques, ses manuels et son mode de vie rudimentaire. Puis l’Amérique connaît dans les années 1960 une vague libertaire prônant l’hédonisme et la non-violence. Devant une société qu’ils ne reconnaissent plus et qu’ils jugent décadente (sexe, contestation, drogue et Rock’n Roll), les vétérans se font les garants des valeurs authentiques de liberté, de propriété et de souveraineté inspirées par la constitution des États-Unis.

En pleine révolution spirituelle où la jeunesse américaine déferle dans les rues de San Francisco pour y vivre d’amour, de paix et de LSD, le survivalisme devient un antidote à cette contre-culture, une réponse immunitaire face à l’effondrement des valeurs traditionnelles : famille, honneur, travail, patrie.

Le survivalisme en France

En France, l’essor du survivalisme s’est d’abord traduit par une profusion de blogs spécialisés (exemple mouton-resilient.com ou resilience-urbaine.com) et par la création de plusieurs salons grands publics autour des thèmes de la résilience énergétique, alimentaire, de la vie off-grid (hors réseau) bien avant la ré-édition des manuels de préparation aux situations d’urgence, dont le récent manuel de survie du gouvernement Suédois. En dehors de rares dérives suprémacistes ou anti-gouvernementales malheureusement médiatisées, le survivalisme dans sa forme moderne consiste pour les citoyens prévoyants à amortir le choc d’un événement majeur susceptible de déstabiliser (temporairement ou non) l’infrastructure sociale, en constituant des réserves, en faisant l’acquisition de matériel et de connaissances.

C’est ici que deux approches se distinguent :

  1. Le “Bug-in” qui consiste à rester chez soi dans une pièce sécurisée (panic-room ou bunker) avec de bonnes provisions.
  2. Le “Bug-out” qui consiste à fuir en emportant le strict nécessaire dont le fameux sac “Bug-out bag” qui fait tant chauffer les claviers sur les forums spécialisés.

Pour ceux d’entre-nous dont l’aisance financière autorise encore à vivre dans un confort ouaté, le concept paraîtra étrange : les supermarchés sont pleins (mais de moins en moins de gens peuvent acheter), l’eau potable coule au robinet, le courant est stable et continu (mais il coûte de plus en plus cher) et la Police fait régner l’ordre (sauf dans les zones de non-droit). Pourquoi dans ce cas constituer des stocks et se préparer au pire ?

C’est pourtant ce qui vient d’être repris par des gouvernements européens (Scandinavie, Pologne, Allemagne) : Il est en effet recommandé aux Danois de se munir d’eau potable (3 litres par individu chaque jour) et de provisions non-périssables, de constituer une réserve de médicaments, d’avoir une trousse de premiers secours, des comprimés d’iode pour toute éventualité liée à un accident nucléaire, des articles d’hygiène et des radios à piles… Les responsables suédois ont récemment prodigués des recommandations comparables en mettant l’accent sur la “défense totale” à tous les citoyens de 16 à 69 ans en réaction au risque d’une agression directe. Dans un dépliant illustré par une femme armée d’un fusil d’assaut, l’on peut lire en gros caractères : “Si la Suède est attaquée, nous ne nous rendrons jamais. Toute affirmation contraire est fausse.”

Dans un sens, ces directives rappellent celles des années 1970 en préparation à une potentielle guerre nucléaire. Les campagnes gouvernementales, comme “Protect and survive” en Grande-Bretagne, ont été l’objet de nombreuses railleries à l’époque (en particulier pour la suggestion de se coucher au sol lors d’une attaque nucléaire). Cependant, en observant la dure vie souterraine de nombreux Ukrainiens depuis leur conflit et le destin des victimes de désastres naturels à Valence, Los Angeles ou Mayotte, nul ne semble disposé à rire.

Mettons de côté nos à-priori et posons-nous la question ? La base du survivalisme moderne ne serait-elle pas simplement un atavisme du “bon sens paysan”, l’héritage de nos aïeux qui ont connus leurs guerres et qui nous rappelle que – les jours de pain blanc – il faut mettre de côté pour les jours de pain gris ?


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