Avec les menaces de réponse nucléaire du président russe Vladimir Poutine et les abords des centrales nucléaires en Ukraine qui se sont transformés en champs de bataille, les pharmacies de nombreux pays, y compris la France, font face à une demande croissante de pastilles d’iode. En effet, en cas d’événement à caractère nucléaire, les populations sont invitées par les autorités à prendre des comprimés d’iode pour en saturer la thyroïde et limiter le risque de cancer.
Un accident industriel grave dans une centrale nucléaire, un acte terroriste avec une bombe salle ou une frappe nucléaire pourraient entraîner le rejet dans l’atmosphère de contaminants radioactifs (Césium, Strontium, Tellure, Ruthénium…) dont l’iode. Les isotopes radioactifs de l’iode (substance inodore et incolore, détectable uniquement avec des appareils de mesure appropriés) peuvent se disperser dans l’air ou dans la chaine alimentaire. Ainsi par simple inhalation ou par la consommation d’aliments contaminés, ils peuvent se retrouver dans l’organisme et être stockés dans la glande thyroïde.
Les pastilles d’iode 65mg, comment ça marche ?
Les pastilles d’iode stable protègent la glande thyroïde contre une contamination par ses isotopes radioactifs. Cet organe, situé à l’avant du cou, fabrique des hormones essentielles au fonctionnement de l’organisme. Une fois ingérée, l’iode stable se fixera sur la glande thyroïde pour la saturer et évitera que les isotopes instables de l’iode ne s’y fixent.
Faut-il prendre de l’iode stable 65mg de manière préventive ?
Consommer de l’iode sans que la consigne n’ait été donnée par les autorités vous exposerait à des risques pour votre santé. Les effets secondaires observés peuvent être nombreux :
- Nausées
- Vomissements
- Diarrhées
- Maux d’estomac
- Palpitations cardiaques
- Goût métallique en bouche
- Gastralgies…
Dans certains cas rares, l’absorption d’iode peut déclencher des réactions d’hypersensibilité telles que rougeurs de la peau (rash), accumulation de liquide (œdème), douleurs cervicales, yeux qui coulent, symptômes de refroidissement, gonflement des glandes salivaires et fièvre. Une hypothyroïdie peut se déclencher, entrainant une accélération du rythme cardiaque, des tremblements et des insomnies.
J’ai avalé trop de comprimés par erreur. Est-ce dangereux ?
Non, l’iodure de potassium n’est pas toxique. Si vous avez avalé trop de comprimés, vous pourrez éventuellement noter une coloration brunâtre des muqueuses, des nausées, des vomissements, des troubles gastro-intestinaux. Les effets secondaires sont en général passagers et disparaissent une fois l’iode éliminé.
Quand prendre de l’iode stable 65mg ?
La prise d’iode est optimale si elle intervient dans les 2 heures avant le début des rejets d’iode radioactif. Elle est de 50% si la prise est réalisée 6 heures après le début des rejets. La prise d’iode stable vous protège pendant au moins 24 heures. Pris trop longtemps avant l’exposition, ce médicament perd totalement son efficacité de protection. Les comprimés doivent donc être pris uniquement sur ordre du préfet et en fonction de l’âge.
Quel est le dosage des comprimés d’iode stable 65mg ?
Plus on est jeune, plus il est sera important de se protéger contre la contamination par l’iode radioactif. Les comprimés d’iode doivent donc être administrés en priorité aux jeunes enfants et aux femmes enceintes (risque pour leur fœtus) et aux femmes allaitantes (risque pour le nouveau né). La posologie pour les comprimés d’iode stable dosés à 65mg est la suivante :
- Adulte : 2 comprimés (y compris les femmes enceintes et les jeunes de plus de 12 ans)
- Enfant de 3 à 12 ans : 1 comprimé
- Enfant de 1 mois à 3 ans : ½ comprimé
- Nourrisson : ¼ de comprimé pour les bébés jusqu’à 1 mois
Attebtion : si vous souffrez d’une maladie thyroïdienne ou si vous avez des antécédents de pathologies thyroïdiennes, demandez conseil à votre médecin.
L’iode stable protège t-elle de tous les contaminants radioactifs ?
L’iode stable n’est utile que pour se prémunir de l’iode radioactif. De nombreuses autres substances radioactives, comme le césium 134 ou le césium 137, peuvent être rejetés dans l’atmosphère et contre lesquels la prise d’iode ne permet pas de lutter. Seule l’installation d’une filtration NRBC peut vous permettre de décontaminer l’air de manière efficace dans votre habitation.
Les comprimés d’iode ne protègent pas de tous les dangers. Ainsi l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) rappelle qu’en cas d’accident nucléaire, la mise à l’abri dans un bâtiment en béton ou idéalement dans un bunker antinucléaire ou une pièce de confinement équipée d’une filtration NRBC prime sur la prise d’iode.
Vous pouvez télécharger ci-dessous le manuel d’utilisation des comprimés d’iode en cas d’accident nucléaire.
