Suite à la publication de notre interview donnée à Europe 1, nous vous livrons ici l’intégralité de l’échange dans un soucis de précision, certaines parties ayant été simplifiées ou tronquées par la journaliste pour des besoins de concision.
Les dernières générations de missiles Russes — qu’ils soient hypersoniques ou a propulsion nucléaire (Burevestnik 9M730, Tsirkon 3M22…) — ont théoriquement la capacité à esquiver les défenses antimissiles et/ou des portées illimitées. Dans ce contexte, la dissuasion nucléaire française a t-elle encore un sens ? C’est la question posée par Karim Boukarabila, fondateur et PDG de Bünkl, entreprise française spécialisée dans la sécurisation physique des enceintes publiques et privées et dans la protection explosive et NRBC (nucléaire radiologique, biologique et chimique).
Fort d’une longue expérience dans la sécurisation des sites militaires et des lieux sensibles, Bünkl conçoit, fabrique et installe des solutions pour les menaces modernes : portes, châssis et cloisons blindées anti-effraction et pare balle, pièce de panique, locaux d’urgence blindés, abris/bunker de protection contre les retombées NRBC.
Fort d’une longue expérience dans la sécurisation des sites militaires et des lieux sensibles, Bünkl conçoit, fabrique et installe des solutions pour les menaces modernes : portes, châssis et cloisons blindées anti-effraction et pare balle, pièce de panique, locaux d’urgence blindés, abris/bunker de protection contre les retombées NRBC.
“En matière de technologie d’armes de destruction massive, les Russes ont pris 30 ans d’avance sur la France”, explique Karim Boukarabila. “Quand bien même nous déciderions de rattraper ce retard, que dans 30 ans, les Russes auront à nouveau 30 ans d’avance. Désormais, la suprématie de l’armement tient au vecteur, c’est à dire la capacité à transporter une charge explosive sans pouvoir être arrêté et ce de manière extrêmement rapide. À mon sens, cela remet en cause la dissuasion nucléaire française construite essentiellement sur une doctrine défensive”.
Pour le président de Bünkl, engager un politique de protection des populations en construisant des abris antiatomiques comme l’ont fait nos voisins Suisses et Finlandais, serait utile mais inconcevable politiquement pour la France.
“Se serait alors un aveu de faiblesse et un reniement d’une partie de notre histoire, quand après guerre, la France décida par sa doctrine nucléaire de ne pas dépendre totalement de son allié américain pour protéger sa population. De plus, il faudrait construire des abris pour tout le monde. Ce serait un programme sur plusieurs dizaines d’années économiquement irréaliste dans un pays endetté à hauteur de 3300 milliards… Et surtout, à quel endroit les construire ?”
Les Français conscients du besoin d’alternative
Karim Boukarabila relève “une augmentation des demandes de bunkers, sachant que peu se transforment en commandes. Les gens s’interrogent sur l’avenir, se renseignent pour préserver leurs familles… des freins psychologiques persistent, comme celui du jugement par les proches”, détaille-t-il. Il note néanmoins la “décomplexion” récente du public à aborder des sujets clivants comme la guerre et la menace nucléaire.
“La guerre en Ukraine a été un accélérateur, mais l’accumulation presque historique des risques sociaux, géopolitiques, économiques, climatiques… ont aussi augmentés l’inquiétude des populations sur l’avenir et, par corollaire, renforcés le besoin de préservation de leurs biens et de leurs familles.”