L’horloge de l’apocalypse, (Doomsday Clock en anglais) est un concept créé en 1947 en pleine guerre froide par un groupe de scientifiques ayant participé au projet Manhattan. Elle est censée nous mettre en garde sur le fait que nous sommes sur le point de détruire notre monde avec des technologies dangereuses que nous avons nous-mêmes créées.
En 1939, Leo Szilard, physicien d’origine Hongroise et Albert Einstein alertent dans une lettre écrite au Président Roosevelt, sur le potentiel destructif d’une arme atomique. Craignant que l’Allemagne nazie ne parvienne à mettre au point la première cette nouvelle arme, ils pressent le Président de financer les recherches qui permettront de devancer l’ennemi. C’est alors que débute à Los Alamos, un village du Nouveau-Mexique aux États-Unis, le projet secret “Manhattan” dirigé par J. Robert Oppenheimer. Ce projet de grande ampleur réunit des scientifiques américains, britanniques et canadiens. Leur recherche portent sur la fission nucléaire et la mise au point de bombes atomiques et thermonucléaires ainsi que la production du matériau de base, le plutonium.
Après le largage des bombes sur Hiroshima et Nagasaki, Leo Szilard et d’autres scientifiques comprendront les terribles répercussions de leurs travaux sur l’humanité. C’est ainsi que naît en septembre 1945 le Bulletin of Atomic Scientists et avec lui, la fameuse horloge de l’apocalypse, une métaphore, un rappel des dangers auxquels nous devons faire face si nous voulons survivre sur la planète. Elle utilise l’analogie du décompte vers minuit (l’heure hypothétique de la fin du monde) pour illustrer le niveau danger qui pèse sur l’humanité du fait des risques majeurs, notamment ceux qui déclencheraient un holocauste nucléaire. Le nombre de minutes restant avant l’heure fatidique est mis à jour après une estimation collégiale par les directeurs du Bulletin of the Atomic Scientists de l’université de Chicago.
Initialement, cette horloge virtuelle se basant sur prolifération des armes nucléaires, évaluait la possibilité d’une guerre thermonucléaire globale. Mais depuis 2007, d’autres facteurs sont pris en compte comme : les puissances nucléaires émergentes, les vecteurs de propagation, le risque d’un déclenchement de la guerre par un accident technique ou une intelligence artificielle (voir « Les dangers de l’IA dans La défense nucléaire), un acte de terrorisme, une cyber-attaque sur des systèmes critiques ou militaires, les problèmes liés au changement climatique, ou encore les novelles menaces que pourraient infliger les biotechnologies/nanotechnologies.
Le 23 janvier 2020, cette horloge affichait 23h58 et 20s en raison de l’incapacité des dirigeants mondiaux à désamorcer les conflits géopolitique pouvant nous mener vers une guerre nucléaire. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le 22 octobre 2024, l’heure s’est encore avancée de 10 secondes soit 23h58 et 30s, le décompte le plus proche depuis sa création.
Mais l’horloge ne fait pas l’unanimité et ses détracteurs sont nombreux. En majorité, on ne sera pas étonné de trouver des politiciens qui rejettent tout simplement l’idée, car semble t-il, il ne faut pas affoler la population. Il faut croire qu’il est préférable qu’elle découvre d’elle même les choses au dernier moment. Et pour vous, s’agit d’une métaphore symbolique nécessaire ou d’un concept inutilement anxiogène ?