Sous le couvert de la défense du climat et de la réduction des inégalités, le “Grand reset” (livre de Klauss Schwab, ingénieur et économiste allemand, fondateur du forum économique de Davos) est une mise en garde amicale à l’adresse de la classe dirigeante mondiale désireuse de garder son pouvoir et ses richesses au travers d’une gouvernance trans-nationale non démocratique. Un avertissement visant à désamorcer (pour ne pas dire mater) de violents conflits sociaux à grands coups de lois gouvernementales progressistes et liberticides.
En effet, depuis plusieurs années, le Fond Monétaire International (FMI) produit un indice des protestations de masse basé la compilation de millions d’articles, de messages et de vidéos postés sur les réseaux sociaux. Cette vaste base de données a permis de modéliser la montée et la chute des mouvements de protestation depuis les années 1980.
Sans surprise, les 3 dernières années ont vu culminer cet indicateur qui traduit l’importance de la contestation populaire ainsi que son étendue à travers le monde, le dernier pic remontant au printemps arabe.
Le FMI déclare ainsi que — bien que la pandémie ait calmé les ardeurs des protestataires — il est raisonnable de s’attendre à ce qu’aux premiers signes d’estompement de la “crise”, des troubles réapparaissent simplement parce que les problèmes économiques et sociaux de fond n’ont pas été réglés.
Les menaces pourraient être plus importantes que jamais car la dégradation de la confiance dans les institutions, la mauvaise gouvernance, la paupérisation des classes moyennes et l’accroissement des inégalités sont telles qu’elles ont exacerbé la colère des peuples.
La confiance dans l’establishment est au plus bas et dans un sondage réalisé dans 27 pays, près de 60% des personnes interrogées pensent que les chefs de gouvernement, les grands chefs d’entreprise et les journalistes trompent délibérément les gens. 84% sont très préoccupés par les pertes d’emploi, la réduction des horaires et le remplacement par des intelligences artificielles.
Des chiffres éloquents qui montrent l’élévation de la conscience insurrectionnelle des classes moyennes et pauvres, forcées de constater que le capitalisme fait aujourd’hui plus de mal dans le monde qu’il ne fait de bien.
Des villes en feu servant de décors à des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre en tenue anti-émeute, des lynchages de personnalités politiques, des partis balayés par des élections douteuses… il ne s’agit pas d’un film mais d’un scénario basé sur l’analyse des experts techniques du FMI, où toutes les conditions objectives d’une insurrection sont réunies.
Après que les classes dominantes leur aient demandé un effort extraordinaire en vivant confiné, en leur remettant “provisoirement” les clés de leur liberté, il faut se demander pourquoi les masses populaires renonceraient à exprimer leur colère alors que le système économique actuel ne leur offre que précarité de l’emploi, inflation, perspective d’avenir sombre et déjà une vie entière à visage masqué ?
Milton Friedman — prix Nobel d’économie pourtant on ne peut plus libéral — affirmait déjà : la combinaison du pouvoir économique et politique dans les mêmes mains est la recette sûre pour la tyrannie.
Ceux qui pensent que cette tyrannie s’imposera à eux se préparent déjà.