le 19 août 2025, le gouvernement britannique a discrètement attribué un contrat pour la fourniture de morgues mobiles, dans le cadre d’un appel d’offres lancé quelques mois plus tôt par le Home Office. Les documents officiels font état de structures modulaires de stockage temporaire de corps : conteneurs réfrigérés, bâtiments déployables de grande capacité, et unités plus légères dites “soft shell”. Le lot principal prévoit une capacité centrale de 450 corps, extensible jusqu’à 700 via différents modules, avec des délais de mise en place allant de 24h à 5 jours.
Officiellement, Londres ne fait que moderniser un dispositif existant, hérité des “Regional Emergency Mortuary Arrangements” mis en place après les attentats du 7 juillet 2005 et la pandémie de grippe H1N1. Une pré-information publiée en 2023 rappelait que la flotte nationale de conteneurs frigorifiques était vieillissante et partiellement hors service. Il s’agirait donc d’un simple renouvellement d’infrastructure, justifié par les impératifs de “résilience nationale” face aux catastrophes.
Pourtant, plusieurs éléments interrogent. La valeur du contrat atteint plus d’un million de livres sterling pour les seuls lots attribués, mais les estimations évoquées dans la presse spécialisée parlaient de 7,5 millions de livres. Les documents évoquent explicitement un besoin de déploiement rapide “en cas d’incident multi-victimes de grande ampleur”, sans préciser de scénario. De plus, le sujet a été traité avec une étonnante discrétion : en dehors de quelques portails de marchés publics et d’articles spécialisés, les médias généralistes britanniques sont restés muets, alors qu’un tel investissement aurait normalement nourri le débat public.
Certains observateurs y voient un simple exercice de prévoyance post-Covid. D’autres soulignent que le calendrier – alors que l’Europe est traversée par des tensions géopolitiques accrues, de l’Ukraine au Moyen-Orient – pourrait laisser penser à une préparation à des scénarios de guerre de haute intensité sur le continent. Les termes mêmes de l’appel d’offres, centrés sur une réponse “mass fatalities”, c’est-à-dire un très grand nombre de victimes simultanées, entretiennent l’ambiguïté.
Qu’il s’agisse d’un plan de continuité banal ou d’une anticipation d’événements bien plus graves, un fait demeure : le Royaume-Uni se dote de capacités de stockage de masse pour les morts, à une échelle rarement assumée publiquement. Et la communication minimale autour de ce contrat laisse planer le doute. Est-ce seulement un signe de prudence sanitaire, ou la marque d’une préparation discrète à des temps de guerre ?
Cette nouvelle pose question, d’autant plus que Le Canard enchaîné lui fait écho en révélant dans un article du mercredi 27 août 2025 et documents à l’appui, que le ministère de la Santé a demandé aux hôpitaux de se préparer à recevoir des blessés en masse dans le cadre d’une guerre de haute intensité. Selon des documents internes dévoilés par le journal satirique Le Canard enchaîné et relayés par plusieurs médias, le ministère français de la Santé a adressé le 18 juillet 2025 une instruction aux agences régionales de santé (ARS) demandant de préparer les établissements hospitaliers à la prise en charge d’un afflux massif de blessés militaires dans l’hypothèse d’un “engagement majeur” en Europe d’ici mars 2026.
Contenu essentiel de l’instruction
Le document propose une organisation nationale pour absorber un flux prolongé de patients : création de centres médicaux de transit près des axes de transport (gares, ports, aéroports), coordination civilo-militaire avec le Service de santé des armées (SSA) et renforts temporaires des capacités hospitalières. Il mentionne une capacité planifiée de 100 patients par jour pendant 60 jours avec des pics à 250 patients par jour sur trois jours. Les projections chiffrées citent des scénarios très variables : entre 10000 et 50000 blessés sur des périodes de 10 à 180 jours, et certaines sources relayent des estimations maximales allant jusqu’à 500000 cas dans l’hypothèse la plus extrême.
Consignes au personnel soignant
Le courrier incite les professionnels de santé civils à se préparer à coopérer étroitement avec le SSA et à suivre des formations ciblées sur les blessures de guerre, la prise en charge en conditions de ressources contraintes, et la gestion psychotrauma. Des mobilisations temporaires du personnel hospitalier sont envisagées.
Coordination stratégique
Le travail d’anticipation s’inscrit, selon le document, dans le cadre plus large de la revue stratégique nationale 2025 et d’une coordination avec le SGDSN, l’OTAN et les structures européennes de défense et santé civile. Le ministère présente ces mesures comme de l’anticipation prudente à la lumière des risques géopolitiques actuels.
Réactions officielles
La ministre de la Santé a défendu la démarche comme nécessaire et non alarmiste. Les autorités expliquent que l’objectif est d’éviter l’impréparation constatée lors de la crise Covid et de garantir la continuité des soins en cas de conflit. Plusieurs organisations professionnelles et syndicats hospitaliers demandent des précisions sur les moyens et la temporalité.
Enjeux pratiques et limites
Enjeu | Implications |
---|---|
Capacité hospitalière | Adaptation des blocs opératoires, lits de réanimation et services de traumatologie. Nécessité d’un plan de montée en charge. |
Logistique | Centres de transit, transport médicalisé, gestion des stocks de consommables et médicaments. |
Ressources humaines | Renforts, réaffectation, formation rapide aux traumatismes de guerre. |
Cadre légal | Coordination civilo-militaire et protection du personnel ; questions de responsabilité et de droit international humanitaire. |
Hypothèses possibles
L’anticipation d’un conflit de haute intensité en Europe
Les deux pays de l’OTAN planifient simultanément des mesures de gestion de masse : blessés en France, morts au Royaume-Uni. Cela laisse supposer que les gouvernements considèrent crédible un scénario de guerre élargie avec pertes militaires et civiles lourdes.
Une préparation interopérable OTAN
Les plans semblent alignés avec les directives stratégiques de l’Alliance (exercices sur la résilience civile et la continuité de service). Il est probable que Paris et Londres appliquent des consignes communes de planification.
Une reconnaissance implicite de vulnérabilités
Les achats de morgues mobiles et la mise en alerte des hôpitaux indiquent que les infrastructures existantes ne suffiraient pas en cas de choc majeur (nombre de lits, capacité des instituts médico-légaux, logistique funéraire).
Un signal politique discret
Ces annonces ne sont pas présentées comme alarmistes mais elles envoient un message implicite : les gouvernements se préparent à des pertes humaines massives. Elles pourraient être destinées à habituer l’opinion à l’idée d’une guerre longue et coûteuse.
Sources et lectures
- Contracts Finder — notice d’appel / information
- Find a Tender — notice d’attribution (février/août 2025)
- Articles d’enquête et FOI (exemples dans la presse)
- Evening Standard — couvertures relatives aux capacités REMA/NEMA
- Arizton — estimation du marché des équipements mortuaires
- Egora — ”Le ministère veut préparer les hôpitaux à la guerre en Europe”. (Compte-rendu et extrait du document révélé par Le Canard enchaîné.)
- CNews — ”Les hôpitaux français invités à se préparer à la guerre d’ici à mars 2026”.
- Boursorama — ”Le ministère de la Santé commence à préparer les hôpitaux…”.
- BFMTV — ”Le ministère de la Santé a-t-il vraiment donné des consignes…”.
- Le Quotidien du médecin — ”Les hôpitaux français doivent anticiper le risque de guerre…”.
- TF1 Info — ”Quand nos hôpitaux français se préparent à la guerre”.
- Caducee.net — ”Conflit en Europe : le système de santé français se prépare”.
- Opex360 — “Le Service de santé des armées réorganise ses centres médicaux”.